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BARRICADE21

Barricade 21 est un site de réflexion critique sur la société pour alimenter l'action des citoyens qui veulent construire une société dont l'objectif est le développement de chaque individu. Libres, ces citoyens se considèrent co-responsables de l'avenir de l'humanité par le combat contre toutes les aliénations.


Jean-Paul Legrand : après Copenhague, développement durable : marketing ou révolution

Publié par barricade21.over-blog.com sur 12 Mai 2010, 22:38pm

 
Après Copenhague, développement durable : marketing ou révolution

contribution au débat par  Jean-Paul LEGRAND,

 

"Si le climat était une banque, les capitalistes l'auraient sauvé ! "
Hugo Chavez, président de la République Bolivarienne du Venezuela.

Le DD ? Connaissez vous le DD ? Vraiment pas ? Pourtant on en parle partout de ce DD... Il est dans toutes les revues, dans tous les discours et surtout dans tout ce qui se vend. Si vous voulez accomplir votre BA vous devez penser à DD. Car même quand vous ne le savez pas DD vous accompagne partout, dans votre maison, dans votre alimentation et même dans vos sous-vêtements, DD s’immisce partout. J’ai mené mon enquête et j’ai compris que le nouveau DD était l’objet de toute une une culture ou plutôt d’une idéologie au service du Divin Dollar ou de ses équivalents . J’ai compris que DD qui nous veut du bien et prépare le bonheur des générations futures était devenu le nouveau fétiche marketing de la société du fric.

Développement durable : marketing ou révolution ? ou DD et écologie, élu couple de l’année ! Développement durable (DD) : sous ces deux mots se cache bien souvent une escroquerie marketing à la mode. Qu’est-ce qui n’est pas DD aujourd’hui ? Je me souviens de l’allocution d’un Conseiller régional de Picardie Vert qui vantait devant les patrons du MEDEF lors d’un colloque au golf d’Apremont  dans l'Oise les avantages du DD pour faire des profits !

Par contre je rappellerai ma proposition d’utiliser de façon rationnelle le pétrole par les pouvoirs publics en étudiant des accords avantageux et directs avec les pays producteurs et leurs collectivités (comme le Venezuela) en échange de technologies nouvelles et d’un prix conventionné qui permettraient par exemple d’utiliser les économies réalisées de la sorte pour équiper notre parc social de logement en ampoules à basse consommation électrique et/ou d’agir sur les tarifs de nos transports collectifs comme ce fut le cas à Londres pendant la mandature du travailliste Levingstone.  Aujourd'hui la taxation exorbitante de la consommation des énergies fossiles pour les particuliers, notamment pour les foyers et  les salariés (taxe carbonne, TIPP...), les profits réalisés par les grandes compagnies ne sont pas utilisés pour le développement de la recherche publique, ni pour l'équipement en faveur d'énergies nouvelles moins polluantes mais davantage pour renflouer les caisses de l'Etat et des régions qui financent  de plus en plus les entreprises capitalistes sans contrepartie. Il faut être clair : c'est le mode de production capitaliste absolument anti-démocratique qui  est la cause principale des pollutions,  à commencer par les pollutions dont sont victimes les salariés comme ceux qui souffrent et meurent chaque jour par exemple de l'amiante !  Pour le capitalisme,  tout doit être source de profit y compris la lutte contre ces pollutions qu'il a sciemment provoquées.

Des propositions concrètes et novatrices  que nous pourrions qualifier de révolutionnaires parce qu'elles s'opposent à la toute puissance de la domination de l'argent font sourire certains qui hélas restent toujours coincés dans des schémas et des dogmes qui, on peut le parier, seront bousculés bientôt par l’imminence de trouver une issue à la crise générale de ce système en phase d'auto-destruction. Car ce sont dans les moments de transition historique que naissent les idées qui peuvent paraître utopiques et qui demain s’ancreront dans le réel. Ce sont aussi en ces moments que se produisent des bonds dans les consciences qui s’émancipant des idéologies passéistes peuvent se transformer en actions construisant une autre société .

Ainsi les citoyens sont de plus en plus nombreux à penser que des coopérations même à des niveaux régionaux, voire locaux, dans le domaine énergétique, sont non seulement possibles mais indispensables afin que l’énergie ne soit plus le monopole de multinationales mais tombe dans le domaine public ! Or  ma proposition de coopération avec le Venezuela concernant l'échange entre produtis pétroliers à bas prix et nouvelles technologies  qui a été présentée par Maxime Gremetz au Conseil régional de Picardie,  a été rejetée par celui-ci sans même que soit étudiée sa faisabilité concrète, alors que des régions et des villes d'autres pays du monde se sont engagées dans de telles coopérations décentralisées.

Entre l’utilisation capitaliste du concept de Développement durable et la lutte nécessaire pour que l’énergie soit maîtrisée par les gens et à leur profit, il y a un abîme et les dirigeants  actuels de notre pays comme de la Région  n'ont pas l'intention de s'en prendre à la toute puissance des grands groupes, au contraire toute leur politique est tournée vers l'utilisation de fonds publics pour satisfaire les actionnaires de ces groupes . J’entends les bailleurs sociaux expliquer qu’ils vont réaliser du Développement durable dans leurs futures opérations de construction comme l’exige le "Grenelle de l’environnement " pour aussitôt rajouter "mais je ne vous dis pas la facture !" car évidemment, au passage, il y en a quelques uns qui vont profiter de l’aubaine. C’est que le DD rapporte beaucoup d’argent. Et l’on comprend pourquoi l’écologie est devenue une préoccupation si chère aux capitalistes : tout simplement parce que ça peut rapporter gros ! On voit même aujourd’hui des revues qui vous invitent à réaliser votre "green business !" autrement dit à réaliser du profit sous l’étiquette "100% DD".

Le capitalisme est une formidable machine à récupérer, à recycler, mais pour détruire et nous conduire dans l'abîme.

Historiquement c’est sans doute la société la plus performante dans la sophistication idéologique. Dans le domaine du recyclage, le capitalisme est un champion. Il va même à utiliser les idées « vertes » pour en faire de l’argent avec la vente et l’achat des « droits à polluer » ... Quelle ingéniosité perverse n’est-ce pas !

La bourgeoisie possédant les moyens de production mais aussi les moyens de diffusion des idées travaille des "prêts-à-penser" pour éviter que la connaissance scientifique des phénomènes sociaux et naturels soient maîtrisés par les gens.D'ailleurs les attaques contre l'enseignement de l'Histoire et de la Philosophie ne sont pas innocentes. C'est l'esprit critique de chaque citoyen que le système entend anéantir. Chacun a le droit à sa dose quotidienne "d’idées préconçues et d’affirmations non scientifiques" rabachées par la télévision et autre média que possèdent les mêmes qui possèdent les autoroutes, la presse, la téléphonie, les usines de traitement des ordures ménagères, etc.... Cette classe de  possédants récupère toutes les idéologies qui ne remettent pas en cause son rapport social de domination. Ainsi l'écologie en dehors de son contexte de classe est une idée généreuse, tellement généreuse qu'elle doit rapporter du fric. Ce n’est pas nouveau depuis les années 70, la défense légitime de la nature est recyclée pour faire de l'argent, culpabiliser les gens (ce seraient eux les responsables des pollutions !) et ainsi  pérenniser l’ordre social.

Mais dès lors que l'on parle d'une alternative de classe, d'une écologie humaniste fondée sur  la lutte pour un développement durable des services publics, pour le passage en régie publique et nationalisation autogestionnaire des secteurs énergétiques afin que les gens aient une maîtrise réelle de ceux-ci , alors on est taxé d inefficacité et  de ringardise par les capitalistes et autres affairistes.  Ces derniers  vous rappellent Tchernobyl, alors que le système soviétique n'était en fait qu'une caricature du communisme, où les dirigeants avaient sciemment confondu Etatisation des moyens de production au profit d'une caste et la nécessaire socialisation démocratique de ceux-ci qui n'a jamais été mise en oeuvre et aurait libéré les forces du travail et de la création. Ce qui n' a pas pu se faire en Union soviétique est  actuellement à l'ordre du jour dans la plupart des grands pays capitalistes qui traversent une crise du système telle qu'elle crée les conditions et les exigences d'une autre société fondée sur la démocratie dans le travail et dans toute la société.   Car il s'agit bien de poser la question d'une nouvelle société, le communisme, dans laquelle le travail soit libéré enfin du système d'accumulation du capital par  l'émancipation économique et politique des travailleurs.  Les capitalistes alors  ne pourraient plus accumuler d'énormes capitaux qui seraient utilisés enfin pour les investissements en énergies nouvelles, en recherche scientifique et technique, en emploi, en formation et en loisirs pour les hommes.

Il y a des pays où l’on ne fait pas du DD pour le fric mais réellement par nécessité pour la société. C’est le cas de Cuba qui est obligée d’en passer par là d’autant qu’elle souffre du blocus inhumain des Etats-Unis que poursuit Obama. Tout observateur de bonne foi reconnaîtra qu’un petit pays comme Cuba a réussi avec très peu de moyens,  des progrès extraordinaires dans le domaine énergétique favorisant l’éducation et l’économie d’énergie pour le bien de l’ensemble de la société offrant un exemple intéressant pour la mobilisation citoyenne sur ces questions.

Personne ne nous demande d’être un fanatique du socialisme cubain, mais force est de constater que les efforts entrepris ont payé. Et tout observateur de bonne foi sait qu’il a beaucoup à apprendre des autres,  surtout quand il s’agit d’inventer des solutions radicalement nouvelles et efficaces face aux défis planétaires de production de matières dangereuses agissant sur l’écosphère et surtout d’une accélération et d'un renforcement de l’exploitation du travail humain que ce soit l’intolérable esclavage des enfants ou l’inadmissible pression par le stress dans le management du personnel qui conduisent comme à France Telecom aux suicides des travailleurs. Car la première des écologies est celle du développement humain sans lequel on ne trouvera pas de solution pour l'ensemble  des êtres vivants sur la planète.  Faire le choix de l'homme, c'est la première des conditions pour un développement durable réel qui ne soit ni une formule, ni un argument marketing.

Le capitalisme est opposé par sa nature au Développement durable de l’homme d’abord, et du reste ensuite, car il est fondé sur le principe même du gâchis et non de la rationalisation de la production et de la consommation. En effet dans le capitalisme la nature de la production est anarchique, elle dépend de la solvabilité des consommateurs qui elle même dépend du crédit. Un capitaliste n’apporte ses capitaux qu’en fonction de la rentabilité prévue et effective. Le même qui hier avait placé son capital dans la production de chaussettes, le retire aujourd’hui des usines de confection pour le placer dans des prêts à haut rendement, et demain peut être dans la production de milliards de médicaments pour combattre le virus de la grippe ou carrément dans des celle d’armes qui peuvent détruire la vie de dizaines de millions d’êtres humains en quelques minutes !

L’anarchie générale du capitalisme qui entraîne un accroissement de la concurrence nationale et mondiale entre les entreprises et les salariés, conduit à la dévalorisation du travail, provoquant une accélération de la crise car le capital se place alors dans le système financier au détriment des salaires, de l’emploi, de la production réelle.

L’anarchie économique du capitalisme ne peut se réguler par les capitalistes puisque par nature et intrinsèquement leurs intérêts s’opposent aux besoins de rationalisation, d’organisation efficiente de la production et de la consommation d’énergie notamment pour que l’Humanité puisse vivre en surmontant les défis de notre époque.

Une nouvelle organisation économique et politique fondée sur la démocratie est pourtant une exigence de civilisation. La première des exigences écologistes.

L’anarchie capitaliste ne peut être régulée qu’à des époques où des compromis entre capitalistes et classe productrice peuvent s’établir, moments de la lutte de classe où le capitalisme concède aux exploités des acquis sociaux produits de la lutte, comme à l’époque des 30 glorieuses. Mais nous sommes entrés dans l’époque de la crise générale et mondiale du capitalisme où les marges de manœuvre du système sont quasi-nulles, où les concessions quasi-impossibles, parce que la crise de la rentabilité du capital est à son comble et que la classe dominante avance une telle masse de capital qui lui est impossible d’accepter une baisse de rentabilité de celui-ci qui affaiblirait son pouvoir et sa domination,et cela d’autant plus lorsque ceux-ci sont contestés par la classe des producteurs et que ces derniers s’organisent politiquement.

Nous arrivons à l’époque charnière , transitionnelle, d’un capitalisme destructeur à celle du socialisme qui pour se développer doit inventer une démocratie inédite. Le sommet de Copenhague a été l'illustration de l'incapacité des dirigeants des grandes puissances capitalistes à porter l'espoir d'une vie meilleure pour les futures générations, tous empêtrés qu'ils sont dans la crise de leur système et dans leur fuite an avant pour tenter de le sauver.  Ils restent sourds aux exigences populaires, aux propositions alternatives de pays émergents comme celles du Président Bolivien Evo Morales d' un référendum mondial sur le climat ou la question de la mise en cause du mode destructeur de  la production  capitaliste serait soumise aux citoyens. Il n' ya rien attendre des dirigeants  des grandes puissances car l'émancipation des peuples sera l'oeuvre des peuples eux-mêmes.

Seul le socialisme démocratique dirigé par les travailleurs (C'est àdire par l'ensemble des producteurs qui transforment la matière et qui produisent aussi de l'immatériel au sens donné à ce mot à ce jour) peut permettre une rationalisation globale de l’économie c’est à dire une intervention politique massive des acteurs de la production et de la consommation de telle sorte que la propriété des moyens de production et l’organisation et la gestion de ceux-ci deviennent sociales. C’est l’enjeu fondamental de la lutte de classe actuelle qui par la révolution qu’il convient de préparer, commencera à apporter une solution à un développement fondé sur les besoins des êtres humains et de leur écosphère.

Note :

La récente révolution énergétique de Cuba l’a aidé à devenir un vrai modèle de développement soutenable. Le rapport Living Planet 2006 évalue le développement soutenable en utilisant l’Indice de Développement Humain (IDH) du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) et l’empreinte écologique. L’IDH est calculé à partir de l’espérance de vie, l’alphabétisation et l’éducation, et le PIB par tête. Le PNUD considère une valeur d’IDH supérieure à 0,8 comme un haut niveau de développement humain. Une empreinte écologique, qui est une mesure des exigences sur la biosphère, inférieure à 1,8 hectares par tête dénote la soutenabilité. Le seul pays au monde à satisfaire les deux critères ci-dessus est Cuba ” Cuba a atteint un bon niveau de développement humain selon les critères des Nations Unies, grâce à son niveau d’éducation et son espérance de vie élevée”, explique Jonathan Loh, un des auteurs du rapport, ajoutant : “Alors que l’empreinte écologique n’est pas grosse, puisque c’est un pays avec une basse consommation d’énergie”

Les statistiques sont impressionnantes : le pays consomme aujourd’hui 34% du kérosène, 40% du gaz naturel et 80% de l’essence qu’il avait l’habitude de consommer avant la mise en œuvre de la révolution énergétique, à peine deux ans plus tôt. La consommation d’énergie par tête de Cuba est maintenant à un niveau d’un huitième de celle des États-Unis, tandis que l’accès aux services de santé, les niveau d’éducation, et l’espérance de vie sont toujours parmi les mieux classés du monde.

http://creil-avenir.com


Jean-Paul LEGRAND
 
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